Devenir
Lorsque l’on s’intéresse, comme c’est mon cas, aux imaginaires
et systèmes politiques, les biographies de ceux qui vivent ou ont vécu au cœur
du pouvoir sont forcément riches d’enseignements. C’est le cas de l’ouvrage Devenir,
signé par l’ancienne première dame des Etats-Unis, Michelle Obama. Cette fois,
j’y ai trouvé bien plus que des informations ou anecdotes sur la vie politique
américaine. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit du témoignage d’une femme qui,
indépendamment du parcours politique de son époux, ne peut que parler aux femmes
d’aujourd’hui. Un témoignage qui se nourrit d’optimisme, d’espoir et de force.
Parce qu’il contribue à lever certaines barrières, peut-être avant tout
psychologiques, cet ouvrage est incontestablement une pierre à l’édifice de la
réalisation de soi et de l’émancipation féminine.
C’est également un message transmis avec dignité et
élégance, ce qui, par les temps qui courent, mérite d’être souligné.
Morceaux choisis :
« Depuis mes débuts réticents dans la vie publique,
j’ai été considérée comme la femme la plus puissante du monde et dénigrée comme
une “femme noire en colère”. J’ai eu envie de demander à mes détracteurs à quel
élément de cette formule ils accordaient le plus de poids – “en colère”,
“noire” ou “femme” ? Je me suis forcée à sourire quand on m’a
photographiée avec des gens qui traitaient mon mari de tous les noms à la
télévision, mais n’en tenaient pas moins à avoir un souvenir à poser sur leur
cheminée. On m’a rapporté qu’il y avait sur internet des commentaires
nauséabonds me concernant, certains allant même jusqu’à douter que je sois bien
une femme et non un homme. Un membre du Congrès américain s’est moqué de mes
fesses. J’ai été en colère. Mais le plus souvent, j’ai préféré en rire. »
« Je continue pour ma part à me nourrir d’une force
plus vaste et plus puissante que toute élection particulière, tout dirigeant ou
tout article de journal : l’optimisme. »
« Je répétais la même chose à tous les enfants que nous
recevions à la Maison-Blanche – des adolescents de la réserve sioux de Standing
Rock, des écoliers de Washington (…), des lycéens venus participer à nos
journées d’orientation ou à nos ateliers de mode, de musique et de
poésie ; et même à des enfants que je n’avais eu le temps que de serrer
dans mes bras rapidement dans un bain de foule. Le message était toujours le
même : Vous avez votre place. Vous êtes importants. J’ai une grande
estime pour vous. »
« J’ai grandi auprès d’un père handicapé dans une
maison trop petite, avec peu d’argent, dans un quartier qui commençait à décliner,
mais j’ai aussi grandi entourée d’amour et de musique dans une ville
multiethnique et dans un pays où l’éducation peut mener loin. Je n’avais rien
ou j’avais tout. Tout dépend de la façon dont on choisit de raconter l’histoire. »
« Tous les deux ensemble [ses parents], dans notre
petit appartement du South Side de Chicago, ils m’ont aidée à saisir ce qui
faisait la valeur de notre histoire, de mon histoire, et plus largement de
l’histoire de notre pays. Même quand elle est loin d’être belle et parfaite.
Même quand la réalité se rappelle à vous plus que vous ne l’auriez souhaité.
Votre histoire vous appartient, et elle vous appartiendra toujours. A vous de
vous en emparer. »
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