« On a maintenu la flamme de l’indépendance allumée », Intervista di u ministru Mickael Forrest
La progression de l’idée nationale, et de celle d’indépendance est l’un des faits marquants des dernières élections en Corse. En Kanaky, cette question est au cœur de l’actualité, avec l’organisation d’un troisième, et dernier, référendum d’indépendance le 12 décembre 2021.
Le 11 juin dernier, à l'occasion de sa venue en Corse, Mickael Forrest, membre du bureau politique du FLNKS et Ministre
au sein du nouveau gouvernement de Nouvelle-Calédonie, me faisait l'honneur de répondre à mes questions.
(Interview U Ribombu / Blog de Serena Talamoni réalisée le 11 juin 2021.)
Un troisième et dernier référendum d’indépendance aura
lieu le 12 décembre 2021. Etes-vous satisfait de cette date ?
Satisfait, je ne peux pas dire totalement, ce n’est pas une date qui fait consensus chez nous. On était plus pour une troisième consultation au cours du deuxième semestre 2022, mais pour des raisons propres à l’Etat français, ils ont décidé de la convoquer pour le 12 décembre prochain. L’enjeu actuellement est de pouvoir se lancer dans la campagne électorale pour faire en sorte que cette date coïncide avec la victoire du « oui » à la pleine souveraineté. Concrètement cela passe par la mise en place d’une organisation sur le terrain, avec la communication, avec les jeunes, avec l’ensemble de la société civile qui croit en notre projet politique et qui souhaite s’engager avec nous.
Sans présager du résultat de la consultation du 12
décembre, il semble que l’on soit dans une phase ascendante pour le « oui »
à la pleine souveraineté, au regard des résultats des précédents référendums…
Pouvez-vous nous en dire plus au sujet de ce
gouvernement ?
Il a été élu le 17 février dernier et c’est une bonne
surprise pour nous, parce qu’à l’aube de la sortie de l’Accord de Nouméa, nous
avons la majorité au gouvernement, qui est composé de 6 membres
indépendantistes et de 5 membres pro-français. Actuellement avec la convocation
sur Paris par le Premier Ministre [N.D.L.R : à propos du référendum],
toutes les affaires sont toujours gérées par le gouvernement sortant. Je crois
que dans les prochaines semaines nous allons pouvoir avoir un gouvernement de
plein exercice avec la répartition de secteurs, l’élection du Président[1],
du Vice-Président, pour entamer ce travail de quelques mois qui va nous mener
jusqu’à la troisième consultation.
Concrètement, cette consultation sera le troisième et
dernier référendum prévu par l’Accord de Nouméa. Que va-t-il en être
ensuite ? Si le « non » venait à l’emporter, ce serait la fin du
processus ?
Le troisième référendum coïncide, au niveau politique, avec
la fin de l’accord de Nouméa. Au niveau juridique, bien sûr, l’Etat français a
toujours des droits et des devoirs au regard du droit international, avec
notamment le fait que nous soyons sur la liste des territoires à décoloniser.
Cela dit, l’Etat français nous a proposé une période de transition de deux ans,
de 2021 à 2023. C’est une période que l’on appelait de nos vœux depuis
plusieurs années déjà. Elle va permettre d’inscrire le transfert progressif des
compétences dites régaliennes, l’armée, la police, la justice, l’ordre public
et les affaires étrangères, avec des possibilités d’accords de coopération avec
l’Australie, avec la France, avec Fidji… Cela va offrir un cadre sincère pour
continuer à inscrire la dynamique d’émancipation et de souveraineté.
Quels sont les principaux enjeux de ce
référendum pour le territoire ?
Le premier est de faire respecter ce droit-là, inné et actif
à l’indépendance de la population concernée par l’Accord de Nouméa. Il y a
aussi beaucoup d’enjeux au niveau humain, au niveau social à court terme, avec
plusieurs dynamiques qu’il faudra engager pour réduire la fracture sociale,
donner plus de chances, plus de richesses aux enfants du pays qui sont dans le
besoin. Il s’agit aussi de pouvoir répondre à d’autres enjeux comme la montée
des eaux, ou tout ce qui est lié à la circulation des biens, des services et
des personnes entre les îles du Pacifique.
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
C’est toujours une fierté et une joie d’être ici parmi vous.
Nous avons des liens qui datent de plusieurs décennies,
autour de cette solidarité des peuples sous la même tutelle coloniale, celle de
la France. Aujourd’hui, il nous appartient de pouvoir continuer à s’inscrire
d’un commun accord dans un cadre politique qu’on aura l’occasion de pouvoir
développer davantage dans les prochains mois.
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