Discours politiques sur la Corse et ethnotype : le Corse violent
"Pour un
Corse, une banque c'est une sorte de bien communal. (...) On peut même dire que
le mandat de dépôt constitue un brevet de corsitude. (...) La complicité de
cette société qui a toujours préféré le banditisme à la culture et pour qui
lire un livre est déjà une forme d'homosexualité..."
« Le Nouvel Observateur », 5 septembre 1986
Parce
que la représentation du Corse violent fait régulièrement la "une" des journaux,
et suscite l’indignation dans l’île, pourquoi ne pas nous y intéresser ?
C’est ce que j’ai choisi de faire au sein du bel ouvrage du Professeur Eugène
Gherardi « Des images qui collent à la peau, ethnotypes de Corse, de
Bretagne et d’ailleurs » qui explore ces images caricaturales employées
pour caractériser les peuples.
Rassemblant
un large ensemble d’écrits scientifiques consacrés aux ethnotypes, ce livre
croise les points de vue, les disciplines et les territoires pour aborder cette
question sensible.
J’ai eu la chance de pouvoir y apporter une
contribution, en consacrant un article à l’ethnotype du Corse violent dans les
discours politiques. Je vous présente, en quelques mots, mon travail, à
retrouver dans cet ouvrage paru en décembre dernier aux Editions Alain Piazzola[1].
Discours
politiques sur la Corse et ethnotype : le Corse violent
Un
des ethnotypes majeurs relatifs à la Corse et aux Corses est l’idée d’une île
intrinsèquement violente, et d’un peuple dont les habitants seraient
naturellement belliqueux.
Représentation
récurrente dans les discours extérieurs sur « l’île de beauté », elle
a toutefois, historiquement, rencontré une forte appropriation par les Corses.
Cela
n’est pas propre au cas qui nous occupe. Souvent, un regard extérieur posé sur
une population autochtone, présentée comme différente voire exotique, stigmatise
cette supposée inclination à la violence.
Les
écrivains de la décolonisation ont d’ailleurs relevé que cette disposition à la
brutalité figurait toujours parmi les traits mythiques du colonisé, notamment
Albert Memmi, ou Frantz Fanon s’agissant du Nord-Africain : « Le
Nord-Africain est un violent, héréditairement violent. »
Une
des caractéristiques de l’ethnotype est sa très fréquente appropriation par la
population concernée.
Dès
lors, qu’en est-il à cet égard du discours politique sur la Corse ? Et qu'en
est-il en Corse ? L’appropriation est-elle toujours de mise
aujourd’hui, et peut-elle avoir des conséquences pour l’action publique ? Nous
explorons ces interrogations à partir de l’étude du discours sur l’île mais
également du discours des élus insulaires contemporains. Nous examinons en
particulier, à cette fin, les deux derniers débats à l’Assemblée de Corse
consacrés à la problématique de la violence (2010 et 2019).
[1] Eugène Gherardi (dir.), Des
images qui collent à la peau, Ethnotypes de Corse, de Bretagne et d’ailleurs,
Editions Alain Piazzola, 2020.
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